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Cycle de conférences
Construire une pensée
C’est le retour des conférences du jeudi avec une programmation 2024-2025 qui interrogera des praticiens et des théoriciens engagés sur l’identité du monde que l’on est en train de construire, sous le commissariat de Matthias Gervais de Lafond, architecte et enseignant à l’école.
Premier rendez-vous le 24 octobre avec François Brugel, : « Ordinaires – Quand l’édifice fait l’expérience de la durée ».
Rénovation complète de la Villa Besson (1965) construite par l’architecte de la Grande-Motte, Jean Balladur (Oise).
Direction artistique : Haute Renommée Studio
La parenté avec l’architecture traditionnelle japonaise est perceptible dans beaucoup de bâtiments du mouvement moderne, et particulièrement dans cette maison. La simplicité des formes, l’expression d’une horizontalité, la présence de parois coulissantes, la fluidité des espaces, la conception modulaire, peuvent être perçus comme des références japonaises. La plus importante référence aux traditions asiatiques se trouve dans l’intégration au paysage ; ou plus particulièrement : l’intériorisation du paysage. La réduction des limites entre le dedans et le dehors est ici constamment repoussée. Le regard est systématiquement renvoyé vers la nature.
Cette intégration savante de la maison avec son contexte en fait un projet paysager tout aussi complet que peut l’être le projet architectural. Cette maison est avant tout une machine à voir. Le déplacement du visiteur active la maison. Le parcours ou la promenade, deviennent essentiels pour percevoir la richesse des cadrages et des tableaux dessinés. La prise en compte de notre déplacement intègre aussi la présence du Temps comme une matière de l’architecture. Il devient possible de le ralentir ou de l’accélérer.
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La clarté conceptuelle de Jean Balladur vis-à-vis de l’enveloppe vitrée, devenant une membrane légère qui nous sépare du jardin en refusant l’idée classique du mur et de pièces, a guidé notre exploration conceptuelle.
Dans nos premières esquisses : la façade vitrée est totalement libérée, le volume intérieur est unifié, les usages sont neutralisés au maximum. Quelques cloisons (qui ne vont pas jusqu’au plafond) sont travaillées comme du mobilier, pour partitionner un espace intérieur qui retrouve une nouvelle continuité spatiale. La maison est appropriable selon l’évolution des besoins et des heures de la journée ; l’intimité est permise par les rideaux (des rails périphériques continus sont déjà prévu dans la structure originale). Dans cette étude, la maison est littéralement traversée par le jardin : de nouvelles perspectives apparaissent.
Ce projet de rénovation, puissant conceptuellement, comporte des complexités d’usage au quotidien : il est difficile de créer plusieurs chambres dans un seul continuum spatial. Comme l’a fait Jean Balladur : nous distinguons alors la réflexion spatiale de la partie réception et de la partie privative. Le hall d’entrée restant le connecteur qui maintient ces deux lieux ensemble.
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La hiérarchie entre les différents matériaux et la temporalité du chantier est particulièrement lisible dans ce projet. Les assemblages découlent d’une logique de superposition, jamais d’encastrement : soubassement ; structure ; plancher ; poutres ; menuiseries ; toiture.
Ces éléments sont clairement identifiés et facilement décomposable dans l’appréciation de l’espace. Il n’y a pas d’amalgame « plastique » des éléments constructif comme c’est le cas pour des formes complexes d’une création assistée par ordinateur.
La restauration renforce la lecture des assemblages architectonique de la maison. Nous respectons systématiquement les ordres de priorité entre les matériaux. La stratification constructive doit être toujours comprise et facilement dénoué par l’observateur.